18h55, je prends ma place. 30 minutes avant l´ouverture des portes, ca me laisse le temps de manger une glace.
Je m´installe dans un fauteuil en cuir très abîmé, mais aussi très confortable. C´est là qu´elle entre.
Brune, cheveux longs, attachés simplement en queue de cheval, un petit haut noir légèrement moulant, décolleté,
un pantalon tout ce qu´il y a de plus classique. Elle passerait facilement inaperçue si son amie
n´était pas avec elle. Physiquement, c´est son opposé : une blonde, cheveux bouclés, poitrine imposante,
peu discrète, traits épais.
Toutes deux se glissent dans la file d´attente, et la brune me lance un vague regard. Je me lève et prend ma place dans cette file.
Juste derrière elle, je peux l´observer à loisir. Elle est mignonne. Pas exceptionnelle,
juste mignonne. C´est l´heure, l´ouvreur prend nos tickets, on rentre dans la salle. 40 sièges, un écran réellement minuscule,
un sol qui descend au lieu de monter. Un sentiment d´intimité se dégage de ce lieu. Dernier rang, 5 fauteuils.
Je m´installe dans celui du milieu. Elle s´asseoit à ma droite, son amie à l´extrémité de la rangée.
Les lumières s´éteignent, le générique commence, l´intrigue avance. Il fait extrêmement chaud,
à la limite de l´insupportable, pas d´air. A côté, elle se tortille, s´agite, croise les bras, les décroise.
Je la regarde à la lueur de l´écran, elle me plaît. Je pose mon bras sur l´accoudoir, elle approche son coude.
D´abord, elle se gratte, et sa main effleure la mienne. Aucun de nous ne bouge. Elle recommence, nos mains se retouchent.
Doucement j´approche, je sens son coude. Je dépose ma main sur son avant-bras et glisse jusque sa main.
Elles s´étreignent. Le coeur bat fort, la chaleur se fait insoutenable. Nos bustes penchent l´un vers l´autre.
Je tourne le visage et sens l´odeur de son cou. Elle a chaud elle aussi, elle est moite. Ca m´excite.
Je pose mes lèvres doucement, je respire dans son oreille. Je remonte vers le lobe et mord. Je veux de la violence.
Elle a un petit mouvement brusque de la tête, mais ne se retire pas. J´approche de sa nuque, assez tendue,
puis le creux de son cou, délicieux. Elle me fait face maintenant, et me mange les lèvres, elle joue avec sa langue
et ma bouche, je commence à avoir des pensées indécentes. Ma main gauche caresse ses cheveux, descend, lentement,
vers sa poitrine, aucune barrière. Personne ne remarque, ou plutôt, tout le monde fait semblant.
Elle glisse ses mains sous mon t-shirt et griffe doucement mon dos, les frissons me rafraichissent l´espace de
quelques secondes. Elle aspire mon cou, le lèche, je suis trempé. Je sens maintenant son ventre sous ma main,
il est doux, chaud, accueillant. J´aimerai m´y aventurer, mais la salle n´est pas propice à ces explorations.
Ce sont nos oreilles qui nous ont les premières ramenés à la réalité. Le dénouement du film approche,
nos mains reviennent sagement sur nos accoudoirs. Ses lèvres si brûlantes s´en vont, elle fixe l´écran comme
s´il ne s´était rien passé. J´en fais tout autant, le générique de fin défile, les lumières se rallument. Elle se lève
en même temps que son amie, et disparait, sans le moindre regard. C´est mieux. Je remonte à la surface
et subit un choc lors du premier contact avec l´extérieur. Le métro m´attend...
